Point de mire FAIR

juill 2023

Dans ce numéro, nous nous penchons sur une nouvelle tendance en matière d'investissement— les fonds négociés en bourse de comptes d’épargne à intérêts élevés (FNB de CEIE) —et nous expliquons en quoi ils diffèrent des comptes d'épargne à intérêt élevé offerts à votre banque locale. Nous abordons également les risques liés aux conseils des influenceurs financiers sur les médias sociaux pour prendre des décisions d’investissement. Enfin, nous explorons les risques potentiels que pose aux investisseurs une structure de frais souvent associée aux fonds distincts, à savoir les rétrofacturations de commission aux conseillers.

La dernière tendance – Les FNB de CEIE

Nous entendons beaucoup parler des FNB de CEIE ces temps-ci. Mais de quoi s'agit-il exactement?

 

L'acronyme CEIE désigne les comptes d'épargne à intérêts élevés (CEIE). De nombreuses banques ont commencé à proposer ces comptes afin d'encourager les Canadiens à placer davantage d'argent sur des comptes d'épargne. L’abréviation FNB (Fonds négocié en bourse). Il s'agit en fait d'un fonds commun de placement qui est vendu en bourse comme les actions des sociétés cotées. En combinant les deux, les investisseurs disposent d'un nouveau produit d'investissement qu'ils peuvent acheter et vendre.

 

Comment fonctionnent-ils? Fondamentalement, un gestionnaire de fonds crée un FNB qu'il vend aux investisseurs. Il dépose ensuite l'argent des investisseurs sur plusieurs comptes d'épargne à taux d'intérêt élevé dans de grandes banques. Étant donné que le gestionnaire de fonds peut investir beaucoup plus d'argent qu'un investisseur moyen ne pourrait le faire seul, il peut généralement négocier des taux d'intérêt beaucoup plus intéressants auprès des banques. Les investisseurs qui achètent des FNB bénéficient du taux d'intérêt plus élevé, que le fonds leur reverse sous forme de dividendes.

Selon la Financière Banque Nationale, les investisseurs ont placé 854 millions de dollars dans des FNB de CEIE en un seul mois (mars 2023), et plus de 2,76 milliards de dollars depuis janvier 2023. La popularité croissante des FNB de CEIE s'explique en partie par l'inflation élevée, qui incite les investisseurs à maximiser les revenus qu'ils peuvent tirer de leur argent qui, autrement, resterait sur un compte d'épargne. La plupart des campagnes de marketing faisant la promotion des FNB de CEIE expliquent qu'ils offrent tous les avantages et la flexibilité des comptes d'épargne, tout en proposant des taux d’intérêt quotidiens beaucoup plus élevés. Toutefois, avant de décider d'acheter un FNB de CEIE, il est important d'aller au-delà de l'engouement qu'il suscite et de comprendre en quoi il diffère des comptes d'épargne, y compris les CEIE, disponibles auprès de votre établissement bancaire local.


Les frais de négociation associés à un FNB de CEIE constituent l'une des principales différences. En général, chaque fois que vous achetez ou vendez un FNB, vous payez ces frais. Par conséquent, plus vous effectuez de transactions, plus ces frais jouent contre vous. Et comme les commissions de négociation sont généralement un montant fixe, l'achat d'un FNB de CEIE peut ne pas être très rentable si vous n'investissez qu'un petit montant.

 

De plus, il est important de savoir que vous payez également des frais intégrés dans le FNB. Ces frais servent à payer les dépenses du gestionnaire du fonds pour exploiter le FNB et réaliser un profit. Ces frais sont prélevés directement sur le fonds et plus longtemps vous conservez un FNB de CEIE, plus vous finissez par payer des frais de gestion. Une fois de plus, cela réduit le montant de vos gains.

 

Les organismes de réglementation s'intéressent au nombre croissant de fonds négociés en bourse de CEIE. Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) examine la façon dont les banques traitent les FNB de CEIE afin de s'assurer que les risques liés à ces produits sont bien pris en compte. L'examen mené par le BSIF pourrait entraîner des changements dans la manière de classer les dépôts provenant des FNB de CEIE. Les taux d'intérêt de ces fonds pourraient ainsi être moins élevés.

 

Comme tous les autres produits d'investissement, les FNB de CEIE présentent des risques et des avantages. Il est essentiel de les comparer à d'autres moyens d'obtenir un taux d'intérêt plus élevé. Les frais supplémentaires associés à un FNB de CEIE n'en valent peut-être pas la peine.

 

En fin de compte, vos décisions de placement doivent refléter votre tolérance au risque et vos objectifs financiers. Avant d'investir, essayez de vous renseigner sur le produit que vous achetez. Vous pouvez également demander l'avis indépendant d'une personne qualifiée. Mais soyez prudent, car certaines personnes qui s'autoproclament conseillers financiers ne sont que des vendeurs.

 

Pour plus d'informations, consultez les ressources utiles de FAIR Canada sur les rubriques suivantes Choisir un conseiller et Travailler avec un conseiller en placement. 


Méfiez-vous des conseils donnés par les influenceurs

Ces dernières années, les influenceurs financiers sont devenus populaires sur les plateformes de médias sociaux, où ils font la promotion de produits financiers et d'investissement auprès de leur public. De plus en plus d'investisseurs se tournent vers les médias sociaux pour obtenir des conseils financiers.

Une Étude nationale réalisée en 2022 (en anglais seulement) par la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique (BCSC) a révélé qu'environ 33 % des Canadiens utilisent les médias sociaux de manière hebdomadaire pour obtenir des conseils en matière de placement. Selon un rapport de 2023 du Groupe de travail (en anglais seulement) de l'Organisation internationale des commissions de valeurs, l'influence croissante des médias sociaux sur les décisions des particuliers en matière d'investissement suscite des préoccupations.

 

Même si les plateformes de médias sociaux constituent un moyen pratique et facile d'accéder à des informations relatives à l'investissement, il est important de trouver une source sûre et fiable. Les influenceurs financiers simplifient souvent à l'extrême les produits financiers complexes, ou leur expertise ou leurs connaissances en matière d'investissement sont limitées. D'autres peuvent être payés pour promouvoir certaines entreprises ou certains produits financiers, d’où une déformation de leurs propos. Par ailleurs, la plupart d'entre eux, en supposant qu'ils s'en soucient, n'ont aucun moyen de savoir si leurs conseils sont adaptés à votre situation. Le fait de suivre aveuglément leurs recommandations peut souvent entraîner de mauvaises décisions et de mauvais résultats en matière d'investissement.

 

Certains influenceurs financiers peuvent même user de leur influence pour s’enrichir à vos dépens. Par exemple, en décembre 2022, la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine a inculpé huit influenceurs financiers pour avoir participé à un système de type « pomper et liquider » sur Twitter et Discord. Ce type de fraude consiste à diffuser intentionnellement de fausses informations à propos d’une action précise que l'on possède pour tenter d'en faire augmenter le cours. Lorsque le prix augmente, ils vendent toutes leurs actions et font un gros profit, entraînant souvent des pertes substantielles pour d'autres investisseurs. Dans le cas de la SEC, les influenceurs auraient gagné 100 millions de dollars grâce à leur fraude de type « pomper et liquider » sur les médias sociaux.

L'Organisme canadien de réglementation des investissements qui a récemment fusionné met à jour ses lignes directrices sur l'utilisation de la publicité et des médias sociaux. Les nouvelles directives devraient se concentrer sur les influenceurs financiers des médias sociaux.

Les fraudeurs ne sont pas les seuls à représenter une menace. Même les influenceurs apparemment honnêtes représentent une source d'inquiétude. Un article récent, intitulé Investors Flock to Loudest, Least Skilled Voices on Social Media (en anglais seulement), met en lumière une nouvelle étude réalisée par le Swiss Finance Institute. Selon cette étude, les influenceurs non qualifiés comptent plus d'adeptes, sont plus actifs et exercent une plus grande influence sur le commerce de détail que les influenceurs qualifiés. Elle a également révélé que la plupart des influenceurs financiers sont inexpérimentés et donnent souvent des conseils trop positifs sur le potentiel d'une action.

 

Les organismes de réglementation canadiens et internationaux commencent à réagir aux risques auxquels les influenceurs financiers exposent les investisseurs. En 2021, la BCSC a proposé des règles qui exigeraient que toute personne faisant la promotion d'entreprises auprès du public ou sur les médias sociaux divulgue, entre autres, si elle est rémunérée ou si elle possède des actions des entreprises dont elle fait la promotion. FAIR Canada a soutenu la proposition de la BCSC et continue d'encourager les autres provinces à instituer des règles similaires.

 

L'Organisme canadien de réglementation des investissements qui a récemment fusionné met à jour ses lignes directrices sur l'utilisation de la publicité et des médias sociaux. Les nouvelles directives devraient se concentrer sur les influenceurs des médias sociaux et sur l'utilisation de techniques de jeu incitant les investisseurs à effectuer des transactions inappropriées.

 

Même si ces efforts réglementaires constituent des avancées positives, il est tout aussi important de prendre des mesures pour se protéger. Voici quelques questions à vous poser lorsque vous évaluez les conseils des influenceurs :

 


  • Font-ils de belles promesses? Certains influenceurs financiers peuvent faire des déclarations extravagantes concernant des stratégies d'investissement ou des actions spécifiques. Il est important d'aborder les recommandations avec scepticisme et de demander l'avis d'un expert qualifié avant de prendre une décision.


  • Les conseils sont-ils adaptés à votre situation personnelle? Lorsqu'un influenceur financier vous suggère des investissements ou des montants spécifiques à investir, il ne connaît pas votre tolérance au risque, votre capacité à absorber une perte, à résister à vos objectifs d'investissement ou à vos compétences en matière d'investissement. Avant d'investir, tenez toujours compte de votre tolérance au risque et du montant que vous pouvez vous permettre de perdre.

 

Ressources supplémentaires fournies par la BCSC :

 



Les rétrofacturations de commission aux conseillers devraient-elles être interdites?

En ce qui concerne les frais d'acquisition, les investisseurs doivent prêter attention aux produits comme les fonds communs de placement, les fonds négociés en bourse et les fonds distincts (parfois appelés contrats individuels à capital variable ou CICV).

 

Lorsqu’ils sont vendus, chacun de ces fonds peuvent comporter une option de frais d'acquisition différente. Par exemple, les investisseurs doivent parfois payer des frais d'acquisition au moment de l'achat (frais d'entrée) ou payer les frais d'acquisition au moment de la vente (frais de sortie ou frais d'acquisition différés (FAD)). L'option FAD est en général liée à un barème de frais dégressifs, habituellement sur une période de cinq à sept ans. Cela signifie que le montant des frais d'acquisition diminue d'un montant donné chaque année où l'investisseur conserve son investissement. Si vous détenez un produit assorti de FAD pendant une période plus longue que celle prévue par le barème de frais, vous ne devrez pas payer de frais d'acquisition.

Certains investisseurs ont également obtenu des résultats sous-optimaux à cause des FAD, car ils ont conservé leur investissement dans un fonds peu performant afin d'éviter de payer la commission de vente.

Ces différentes structures de frais affectent les investisseurs de diverses manières et, dans certains cas, donnent lieu à de mauvais résultats pour les investisseurs. C’est ce qui s’est passé avec les FAD et les organismes de réglementation ont fini par les interdire.

 

L'interdiction a été instaurée parce que les FAD créaient des conflits d'intérêts et influençaient les conseillers à vendre des produits qui n'étaient pas dans le meilleur intérêt de leurs clients. Certains investisseurs ont également obtenu des résultats sous-optimaux à cause des FAD, car ils ont conservé leur investissement dans un fonds peu performant afin d'éviter de payer la commission de vente. Comme de nombreux autres organismes, FAIR Canada a soutenu l'interdiction des FAD en raison des risques auxquels sont exposés les investisseurs et du fait que ces risques ne peuvent pas être gérés efficacement par le biais de directives ou d'autres mesures réglementaires.

 

Il existe cependant une autre option de frais d'acquisition qui semble gagner en popularité et soulève des préoccupations similaires. Appelés rétrofacturations de commission aux conseillers, ces frais sont semblables aux FAD en ce sens qu'une « commission » est payée lors de la vente du produit. Ils sont également assortis d'un calendrier de rétrofacturation qui précise le montant à payer au cours de la période fixée. Toutefois, contrairement aux FAD, lorsque le client souhaite vendre, c'est le conseiller qui doit rembourser une partie de la commission que le gestionnaire du fonds lui a versé lors de la vente initiale du fond distinct au client. D'où le nom de « rétrofacturation par le conseiller ». 

Certains acteurs du secteur tentent de montrer aux gouvernements et autorités de réglementation qu'il existe une différence majeure entre les frais payés par le conseiller et les FAD. Ils affirment que cette différence incite les conseillers à vendre uniquement des produits avec rétrofacturations de commission à des clients qui ne voudront pas vendre le produit pendant la période de rétrofacturation ou qui n’auront pas besoin de le faire. En bref, les organismes de réglementation ne devraient pas s'inquiéter des rétrofacturations de commission susceptible de présenter des risques pour la protection des consommateurs.

 

Tout ceci est bien beau jusqu'à ce que le client change d'avis ou que sa situation évolue et qu'il doit vendre au cours de la période de rétrofacturation. Nous savons tous qu'il est difficile de prédire l'avenir. Nous savons également que la situation financière d'un client peut changer relativement rapidement pour de nombreuses raisons. Nous nous attendons à ce que cela se produise plus souvent que ne le prévoient la plupart des conseillers. Le cas échéant, les intérêts du client (qui veut vendre) et ceux du conseiller (qui ne veut pas rembourser la commission) entreront en conflit direct.

 

Compte tenu de ce conflit d'intérêts manifeste, nous craignons que certains conseillers tentent de dissuader leurs clients de vendre, même si c'est la meilleure solution pour eux. En fait, nous prévoyons que cela se produira et que les investisseurs seront exposés à des risques et à des préjudices potentiels.

 

Les autorités de réglementation s'intéressent de près à ce problème. Le Conseil canadien des responsables de la réglementation d'assurance (CCRRA) et les Organismes canadiens de réglementation en assurance (OCRA) ont annoncé que les rétrofacturations de commission devaient faire l'objet de contrôles rigoureux pour protéger les consommateurs contre les risques. Ils ont dernièrement déclaré que les rétrofacturations de commission ne devraient pas être considérés comme étant « explicitement plus avantageuses » que les FAD.

 

Le CCRRA et l'OCRA ont également l'intention de procéder à des examens réguliers pour s'assurer que les clients sont traités équitablement lorsque cette option leur est offerte. Les ACVM ont également annoncé qu'elles allaient examiner les rétrofacturations de commission dans le secteur des fonds communs de placement.

 

C'est un pas dans la bonne direction, mais nous pensons que les autorités de réglementation devraient agir rapidement et interdire purement et simplement les rétrofacturations de commission, étant donné le conflit d'intérêts direct et inhérent qu'elles créent entre les conseillers et leurs clients.


Que pouvez-vous faire?

 

Lorsque votre conseiller vous recommande d'investir dans un fonds de placement, renseignez-vous toujours sur la structure des frais du fonds. Il est également important de comprendre comment votre conseiller est rémunéré. Vérifiez si le fonds lui verse une commission pour vous avoir recommandé son produit. Ne sous-estimez pas non plus l'influence que peuvent avoir les différentes options de frais sur les conseils que vous recevez. Selon les études, les frais ont une incidence sur les conseils que vous recevez, parfois à votre détriment.

 

Pour en savoir plus sur les frais, lisez notre ressource de l'investisseur : Comprendre les frais et les relevés

 

Quoi de neuf

Ressources de Prospérité Canada – Améliorez votre littératie financière  

FAIR Canada travaille en collaboration avec d'autres organisations afin de promouvoir les droits et la protection des investisseurs, y compris la façon de devenir un investisseur mieux informé. Nous sommes heureux de vous annoncer que Prospérité Canada a créé un cours en ligne convivial pour aider les Canadiens à améliorer leur bien-être financier. Le cours s'intitule « Tirer le meilleur parti de votre argent » et comprend trois modules contenant des informations essentielles sur le budget, l'investissement, la gestion des dettes et l'établissement d'objectifs.

 

Pour élargir vos connaissances financières et prendre de meilleures décisions en matière de gestion d'argent, découvrez le cours gratuit ici : https://yourtrove.org/fr/courses/

Explorer les solutions de technologie réglementaire (RegTech) au service des marchés financiers de l'Ontario

La Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO) a publié les résultats de son tout nouveau programme intitulé TestLab de la CVMO. TestLab est un forum conçu pour explorer de nouvelles et meilleures manières de procéder en mettant en place des solutions et en utilisant la technologie. Le programme s'est d'abord concentré sur les solutions technologiques (RegTech) qui pourraient aider à relever plusieurs défis réglementaires. Sa première série de tests « a exploré le potentiel de RegTech pour aider les inscrits, les investisseurs et les organismes de réglementation en améliorant la rapidité et la facilité des fonctions de conformité, en facilitant l'accès à l'information et en réduisant l'erreur humaine et les coûts d'exploitation. »

 

Pour en savoir plus sur les résultats, consultez le site :

https://www.oscinnovation.ca/TestLab2022-report (en anglais seulement)

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